Les seniors LGBT reviennent aux stratégies des années 50 lorsque l’homosexualité était un sujet tabou. Pour ne pas faire l’objet de rejet, de violence, de moqueries, les seniors s’adaptent aux structures et aux services pour que leur orientation sexuelle disparaisse.
Voici un témoignage d’une aide soixante au Québec :
« Je travaille dans le réseau de services aux aînés depuis 12 ans et je n’ai jamais entendu un seul intervenant parler de gais ou de les-biennes. Personne ne nous a dit que leurs expériences de vie peuvent être différentes, qu’ils ou elles pourraient avoir des besoins particuliers… Jamais ! J’ai participé à beaucoup de rencontres concernant les besoins des personnes âgées et les rares fois où nous en parlions, c’était reçu comme une douche froide… »
Certains intervenants rencontrés lors de l’étude prennent conscience de ce que cela peut représenter pour une personne aînée LGBT. « La plupart des personnes âgées LGBT qui vont en centre d’accueil perdent ainsi leurs amants, leurs partenaires, leurs amis… », admet l’une. « Une femme voulait savoir si elle pourrait tenir la main de sa conjointe dans la salle de télé, lorsqu’elle sera résidante d’un centre d’accueil », relate l’autre. « Ils vivent dans la crainte, et tant qu’on n’aura pas un réseau plus inclusif, je pense qu’il y aura des gens qui n’iront pas chercher de l’aide, même s’ils en ont vraiment besoin », a même commenté une troisième intervenante.
Quand j’avais 20 ans , à l’époque du FHAR, pour sortir du silence et de l’invisibilité, nous avons réclamé le droit à la différence, le droit à exister en tant qu’homosexuel; puis le discours majoritaire est devenu le droit à l’indifférence : le droit à pouvoir ressembler à Monsieur ou Madame-tout-le-monde.
Aujourd’hui, la population des vieux LGBT est invisible ; que ce soit dans les structures ( maisons de retraites, EHPAD) ou que ce soit à leur domicile. Comprendre les besoins spécifiques de cette population nécessite de redonner de la visibilité à toute cette population ; comme dans les années 70 lorsque les gays sont sortis du placard. Le droit à l’indifférence n’est pas pour demain…
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